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CHAPITRE SIXIÈME



LIEN DE PARIS AVEC LA LOIRE. BEAUCE


I. DIFFÉRENCES AVEC LES PAYS VOISINS. || II. LA BEAUCE COMME TYPE DE PAYS GÉOGRAPHIQUE. || III. RÉPARTITION DE LA VIE URBAINE. || IV. IMPORTANCE HISTORIQUE.


LA Beauce s’annonce dès le voisinage immédiat de Paris. Elle est constituée par les mêmes travertins lacustres qui revêtent le plateau que découpent les vallées de l’Orge et de l’Yvette. Mais les sables, qui ont ici facilité le travail des eaux, s’enfoncent de plus en plus dans le sous-sol et finissent par perdre toute influence sur la physionomie de la surface. Au Sud d’Épernon, de Dourdan, d’Étampes, le calcaire lacustre, dépourvu désormais des couches d’argile à meulières qui entretenaient quelque humidité, règne en couches profondes. L’aspect de la contrée change entièrement. Il suffit de monter une dernière et courte rampe à travers les sables, et brusquement l’on voit s’étendre des plaines continues qui semblent sans fin.

Ce calcaire fissuré et perméable est incapable de retenir les eaux ; de sorte que sur de grandes étendues manquent aussi bien vallées que rivières. On ferait plus de 50 kilomètres entre Chartres et Artenay, vers la lisière de la forêt d’Orléans, sans rencontrer un cours d’eau. Les arbres se font rares ; nulle part ne se montrent de traces d’une végétation silvestre, comme celle dont la Brie offre partout des lambeaux. Heureusement une couche de limon, moins épaisse qu’en Picardie, mais suffisante dans l’espace compris entre Étampes, Chartres, Artenay et Pithiviers, couvre la surface. La vie du pays est attachée à l’existence de cette nappe rousse et friable que la charrue siUonne en longues bandes minces, sans arbres ni fossés. Là où elle manque, et où l’apparition de l’eau ne vient pas vivifier la surface, le pays est un désert. C’est ce qui arrive vers l’Est, aux confins du Gâtinais, où l’on peut voir, entre Puiseaux et Château-Landon, une plaine sans pente, qui, sur un espace de 28 kilomètres carrés, offre à peine quelques habita-