Page:Vidal de la Blache - Tableau de la geographie de la France, 1908.djvu/189

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

route des Flandres par Crépy, Roye, Péronne et Bapaume. Les marchands venus de Crépy-en- Valois atteignaient à Saint-Denis la boucle septentrionale de la Seine sans avoir à traverser ni rivières ni forêts. Les foires du Lendit, de Saint-Ladre, de Saint-Laurent s'établirent dans cette région ; la première près des berges de la Seine, les autres dans la trouée entre Chaumont et Montmartre. Avec la persistance remarquable qui tient à la netteté des lignes de la topographie parisienne, c’est encore de cette trouée, aujourd’hui enfumée d’usines, que partent les principaux courants de vie commerciale, canaux et chemins de fer, ceux qui vont vers les Pays-Bas, Londres et l’Allemagne. Malgré tout, pourtant, Paris n’est pas sur la diagonale la plus directe du Rhône à la mer du Nord, d’Italie aux Flandres. Ses foires n’eurent jamais l’importance internationale de celles de Champagne. Autrefois comme aujourd’hui, il fut surtout une capitale intérieure.

Nous n’avons pas à le suivre dans son développement historique. Après que la Royauté s’y installe définitivement, que l’Université se constitue, ce développement se lie d’une façon de plus en plus intime à l’histoire même de la France. La géographie ne s’en désintéresse pas assurément, mais elle n’a plus le premier rôle. Il nous suffit d’avoir étudié où et comment se déposa le germe de l’être futur, comment grandit une plante vivace qu’aucun vent de tempête ne put déraciner, et d’avoir montré que dans cette vitalité se fait sentir une sève puissante qui vient du sol, et un entrelacement de racines qui ont si bien poussé en tous sens, qu’on ne peut les extirper ni les couper toutes.