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sien excède notablement le bassin fluvial de la Seine : la Meuse jusqu’à l’Ardenne, la Loire dans toute sa boucle septentrionale, les tributaires de la Manche entre Caen et Boulogne, en font partie. Le tout embrasse une étendue supérieure au quart de la France ; et cette région que distinguent entre toutes la convergence des rivières, l’abaissement des seuils intermédiaires, la variété des terrains, remplit ainsi les conditions les meilleures pour rapprocher les populations et leur inspirer, par la communauté des intérêts, des invasions, des dangers, un sentiment de solidarité réciproque.

Ce fait géologique est par là un grand fait historique. Il n’y a pas dans le reste de la France de région naturelle taillée à plus grands traits ; pas une non plus, sauf les Flandres, qui communique plus librement avec le dehors. Ce que l’ampleur des surfaces, la facilité des rapports, la variété et la richesse agricoles comportent d’influence politique, est réuni dans le Bassin parisien. D’où la prépondérance qu’il a acquise dans les destinées historiques de la France. Une certaine subordination des parties est nécessaire à la formation d’un État: le rôle qu’ont joué le Bassin de Londres, celui du Volga, la Plaine germanique dans leurs contrées respectives, est celui que le Bassin parisien était naturellement appelé à exercer par rapport au reste de la France.