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LIVRE PREMIER


DEUXIÈME PARTIE


LE BASSIN PARISIEN


VUE GÉNÉRALE


VUE GÉNÉRALE

LE seuil du Cambrésis, les coteaux de l’Artois séparent les Flandres du Bassin parisien. On entre alors dans une grande région dont les lignes principales se coordonnent entre l’Ardenne, les Vosges, le Massif central et l’Armorique, révélant une unité de structure qui, malgré beaucoup d’accidents locaux, reste burinée sur l’ensemble. C’est un champ d’enfoncement, où les zones se succèdent d’après une disposition généralement concentrique autour de Paris. Cette disposition, entrevue des le XVIIIe siècle par Guettard[1] a été formulée en termes qui l’ont rendue classique par Elie de Beaumont, dans son Introduction à l'Explication de la carte géologique [2]. Le Bassin pari-

  1. Guettard, Mém. de l’Acad. des Sciences, 1746, p. 363 (carte et mémoire).
  2. Le Bassin parisien est circonscrit par une zone de terrains jurassiques, puis de terrains crétacés, enveloppant une région centrale composée de terrains tertiaires. Les cartes géologiques de nos Atlas ont rendu les principales divisions du Bassin assez familières à tous, pour nous dispenser d’y insister ici. Ces cartes procèdent pour la plupart de celle qui a été publiée à l’échelle du millionième par le Ministère des Travaux publics, d’après les documents du Service de la carte géologique détaillée. On trouvera, sur l’histoire géologique du bassin, des renseignements aussi abondants que précis dans le livre de M. de Lapparent : La Géoiogie en chemin de fer, Description géologique du Bassin parisien et des régions adjacentes (Paris, Savy, 1888). Nous nous sommes généralement conformés aux limites assignées par l’auteur ; sauf toutefois pour la partie orientale. Bien que la même inclinaison des couches géologiques se continue effectivement jusqu’aux Vosges, il nous parait préférable d’exclure du Bassin parisien les formations triasiques lorraines qui correspondent à l’Ouest des Vosges à celles qui se succèdent à l’Est de la Forêt-Noire. Nous les rangeons dans la région rhénane. Il est vrai que la Lorraine se trouve ainsi partagée entre deux régions différentes, car il ne saurait y avoir doute sur l’attribution au Bassin parisien du pays de la Meuse et des côtes oolithiques qui par Longuion, Metz, Nancy, se déroulent jusqu’à Langres. Comme il était impossible, dans cette description, de séparer ce que tant de rapports unissent, nous nous sommes décidés à grouper l’ensemble des pays qui constituent la Lorraine dans la Région rhénane (section III, chapitres I et II). C’est naturellement l’idée géologique qui nous sert de guide dans l’ordre de description des diverses parties du bassin. Nous rencontrons successivement ainsi : — 1° au Nord, la grande région limoneuse à sous-sol de craie qui comprend, non la Picardie tout entière, mais la province qui depuis Louis XI en a officiellement gardé le nom ; — 2° au Centre, la partie de la région tertiaire vers laquelle s'inclinent les couches géologiques et convergent les rivières venues de la périphérie orientale du bassin, Centre et périphérie sont unis par la Seine; — 3° au Sud, la succession des terrains jurassiques, crétacés et tertiaires mis en rapport par la Loire ; — 4° à l’Ouest, la réapparition des zones jurassiques et crétacées qui correspond, sinon à la Normandie tout entière, du moins à sa partie principale, celle où se trouvent Rouen et Caen, ses deux capitales historiques.