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la garçonne

Georges Blanchet sourit :

— Certes, madame. Aussi pouvez-vous être persuadée que la… voyons, comment appellerons-nous cette émancipée ?… la… garçonne de demain…

— Ah ! non ! déclara Monique. Garçonne, je le suis un peu. Et je vous jure que je n’ai aucune des velléités dont vous parlez !

— Oh ! mademoiselle, la garçonne de demain ne ressemblera pas plus à celle d’aujourd’hui que vous ne ressemblez à vos sœurs d’il y a vingt ans. Songez à ce qu’il tient de révolution, et dans tous les ordres, en l’espace d’une génération !… Eh bien ! cette garçonne-là fera comme le garçon. Elle ira un peu plus à l’école de Malthus, voilà tout. Sans compter qu’elle n’a plus grand chose à y apprendre !… La natalité baisse. Et pour cause ! On ne verra bientôt plus, pour avoir des enfants quand elles n’en voudront pas, que les idiotes. Et les séducteurs en deviendront du coup moins imprévoyants, et moins mufles.

— Mais c’est la fin du monde que vous annoncez là ! se récria la tante Sylvestre, éberluée.

— Non, madame. La fin d’un certain monde, seulement. La fin des crimes passionnels, de l’hypocrisie et des préjugés. Le retour à la nature, dont le mariage contemporain élude et méconnaît l’ordre.

— J’espère, railla Monique, que ce n’est pas cette philosophie que vous enseignez à vos élèves ?… Comme paradoxe !

Elle se levait. Mais, entendant Régis Boisselot demander à M. Vignabos « À propos d’instinct sexuel… » ce qu’il pensait de l’Introduction à la Psychanalyse de Freud, elle prêta l’oreille, amusée.

Tandis que le vieux maître, ayant changé sa calotte