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maux ! Nous continuons à vivre, en ce qui concerne la législation de l’enfance, sous la loi romaine… Le père de famille a tous les droits, et pas un devoir. Comme si l’enfance n’était pas un capital social à protéger, avant tout autre !

— M. Blanchet l’a fait observer avec force, dans son étude du Monde Nouveau, remarqua Mme Ambrat… Si ! si ! mon cher ami, vous nous avez rendu un grand service ! Grâce à vous, nous avons reçu au siège de l’Œuvre quantité de lettres et de demandes… Vous ne vous doutez pas de votre influence !

— Blanchet sera député de Seine-et-Oise quand il voudra, dit M. Vignabos.

— Je ne voudrai jamais. Des conférences ou des articles, tant qu’il faudra… Mais discourir au Palais Bourbon ! Savez-vous à quoi ça me fait penser, Ambrat ? À vos moulins à vent, sur les coteaux de la Loire. Leurs ailes s’agitent…

— Et tournent à vide ?

— Voilà.

— Et qui refera les lois, demanda le notaire, si ce ne sont les législateurs ?

Blanchet ébaucha un geste vague :

— Il viendra bien, et plus tôt peut-être que nous ne pensons, un temps où on se lassera des Moulins à Paroles. Le monde, autour de nous, évolue. Sous peine de suicide, nous ne pouvons échapper à la loi. L’heure des actes sonnera.

— La révolution ? dit M. Muroy, sans entrain. Il faut, pour la réussir, plus qu’un état-major et des troupes. Il faut des cadres. Où sont-ils ? Sans le Tiers, pas de 89 !

— La bourgeoisie de 1922 ignore ou méconnaît la