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la garçonne

— Rassieds-toi, pria-t-elle. Tu me fais mal au cœur. Et maintenant écoute : je ne m’abaisserai pas à vouloir te détromper. C’est si bête, tout cela !… Si indigne de nous.

— Alors, dimanche ?

— Nous irons déjeuner chez Mme Ambrat.

— Tu iras !

Elle répéta doucement, mais d’un accent si ferme qu’il ne releva pas le défi :

— Nous irons. Ou tu me donneras cette preuve d’intelligence, — c’est la seule excuse que je te demande, — ou ce sera fini, pour toujours, entre nous.

Il braquait sur elle son regard de chat menaçant, l’incertain de ses prunelles luisantes. Céder ?… Oui, peut-être ? Pour mieux les espionner, savoir… Elle continua :

— Je ne veux pas devenir la victime de tes lubies. J’entends régler seule, comme il me plaît, ma conduite. Sans respect l’un de l’autre, il n’y a pas d’amour qui dure ! Est-ce que tu as assez du nôtre ? On le dirait, à te voir t’acharner à le détruire.

Il retomba sur sa chaise, et la tête dans ses mains :

— Non, Monique ! Je t’aime. Pardonne-moi ! Je guérirai.