Page:Victor Margueritte - La Garçonne, 1922.djvu/198

Cette page a été validée par deux contributeurs.
196
la garçonne

— Eh ! bien, oui, au clac !…

— Au clac ?

— Au bordel, enfin, puisque tu ne connais pas le français !…

— Oh ! s’écria lady Springfield, avec un accent d’indignation si sincère que tous les quatre se tordirent.

— Eh bien quoi ? riposta Ginette. C’est le dernier salon où l’on s’amuse. Pas besoin de présentation, ni de chichis. Le naturel en liberté. Et puis, au moins, là on n’est pas trompé sur la marchandise !

Zabeth se tourna vers Monique. Et nettement :

— Rentrons !

Mais celle-ci murmura :

— Reste donc, bête !

À observer jusqu’à quel point le sens de la respectabilité et le culte de la théosophie s’allieraient, chez l’Anglaise, à sa dépravation soigneusement cachée sous l’hypocrisie religieuse et mondaine, Monique souriait, amusée.

Elle serra la main de son amie :

— Allons ! ce sera drôle.

Lady Springfield esquissa une dernière défense :

— Mais si on nous reconnaissait ?

— Impossible, trancha Max de Laume, qui depuis le matin, avait été mis avec Michelle dans la conspiration… D’abord, là, personne ne peut nous reconnaître, puisque personne ne nous connaît. Ensuite personne ne nous verra… Et enfin, (il eut un geste noble), il y a la discrétion professionnelle.

Zabeth prit son parti.

— J’espère au moins, fit-elle en menaçant Ginette, que ton mari…