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la garçonne

tout les amusait : les mille petites remarques de l’existence quotidienne, et leur simplicité comique… Leurs nuits nues n’étaient qu’une étreinte où le désir renaissait inlassablement de lui-même, jusqu’aux sommeils lourds et aux réveils légers du matin.

Monique connut l’insatiable soif des caresses. Les baisers de son Piètre avaient achevé, en lui révélant une volupté complète, l’initiation progressive. Elle s’était ouverte tout entière, avec l’ingénuité d’une rose qui pâme au soleil. De brusques élans la poussaient, soudain, vers les bras musclés. La barque où ils voguaient seuls sur la plaine marine, — au gré du gouvernail fixé et du moteur, — le sable chaud des calanques, les sentiers odorants de la montagne servaient de lit hasardeux au caprice de leurs désirs.

Elle criait, durant les minutes ardentes, l’ivresse qu’il lui donnait à coups furieux, les dents serrées. Ou bien, sous la lenteur savante de la pénétration, elle soupirait à voix basse la plainte heureuse des palombes. Elle crut alors qu’elle aimait. Et plus violemment encore elle souhaita, à l’instant de l’effusion partagée, qu’un fils naquit de leurs chairs confondues.

Un jour où, sans qu’elle s’y attendît, il l’avait prise brusquement dans les monts sauvages, elle avait voulu se persuader que son rêve se réalisait. Elle était en train de cueillir, sous les pins, les sombres lavandes violettes. À l’improviste, il avait profité de sa croupe baissée, relevé sa jupe, et elle avait senti le dieu brûlant la posséder… Elle avait poussé un gémissement de bête, puis, activement, s’était donnée. En eux se déchaînait librement, à la face du