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la garçonne

Elle essaya un lampas bleu de roi, tramé d’argent… « Pas mal ! » puis désigna un rouleau de brocart vert empire, tout feuillagé de palmiers vermeils.

Et avec autorité :

― Ça doit aller. Montrez !

Mlle Claire étala le princier tissu. À la fois éclatant et sombre, il gardait, dans ses lourdes cassures, une souplesse. Monique, les yeux fermés, y regardait se mouvoir la blancheur du beau corps… Elle était revenue, émerveillée, d’une des dernières répétitions.

― Ça va ! trancha-t-elle.

À l’échantillon corail, elle compara, pour plus de sûreté, les deux étoffes, dans le petit salon réservé aux éclairages nocturnes.

Mlle Claire s’exclama :

― Le vert est parfait. Mlle Marnier sera contente.

― Prenez un taxi, et allez vous-même, avec M. Angibault, lui présenter les deux. Elle choisira… Nous avons suffisamment de l’une et de l’autre ?… Bien. Vous mettrez en mains, aussitôt. Prêt pour six heures.

Militairement, Mlle Claire et M. Angibault, ― le factotum de confiance, accouru à l’appel, ― s’inclinaient, partaient.

Une discipline souriante, mais ferme, régnait au Chardon Bleu. Il suffisait que « la patronne » parût, ordonnât. Les huit employés que comptait maintenant la maison ne prononçaient « Mademoiselle » qu’avec un respect religieux. Ils la considéraient, parce que, sévère, elle était juste…

Monique, le dos tourné à la porte d’entrée, examinait quelques faïences antiques qu’on venait d’ap-