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la garçonne

Parbleu ! qui n’avait entendu parler de cette originale ? Belle et riche à millions (ceux que possédait son entreteneur en titre, banquier belge), elle se targuait d’être amatrice d’art.

— Elle doit me parler d’une décoration, pour la fête hindoue qu’elle va donner en l’honneur de sa dernière découverte, Peer Rys, le danseur nu…

Briscot conclut :

— Tout indiqué pour un tango. Bien du plaisir !


Cette surprise de l’amour-propre masculin, devant ses détachements instantanés, avait grandement amusé Monique, aux trois ou quatre expériences qu’elle avait tentées depuis. Sans les rechercher d’ailleurs, mais en n’hésitant pas à les pousser à bout, chaque fois qu’elles s’étaient trouvées.

Bien que, familiarisée maintenant avec le plus normal et le plus sain des gestes, elle en ressentit, (du moins quand son partenaire le lui savait donner,) tout le plaisir que lui avait rageusement souhaité Briscot, — elle n’allait jamais au delà de sa propre satisfaction, presque toujours ressentie avant que celle de l’autre ne s’achevât.

Alors, du même instinct brutal qui la première fois, — dans cette chambre d’hôtel où elle s’était donnée, à un passant, — lui avait fait rompre prématurément l’étreinte, elle repoussait l’homme, décontenancé. Elle voulait, non subir des maternités hasardeuses, mais n’avoir d’enfants que du père qu’elle aurait, entre tous, choisi… Même lorsqu’elle