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iii

Toute une saison, sa journée d’intelligent labeur accompli, Monique avait ainsi donné à la danse ses soirées et partie de ses nuits.

Seule, avec des camarades qu’elle s’était faits petit à petit dans les milieux d’art et de théâtre avec lesquels son métier l’avait mise en relation, elle avait tour à tour élu cinq ou six endroits où, à heure fixe, se déchaînait pour elle l’étourdissant vertige.

Elle avait été une de ces mille faces pâmées, qui, au son criard des orchestres, sous les soleils aveuglants de minuit, se trémoussent dans un tourbillon de lumière et de bruit. Elle avait été une de ces pauvres petites apparences humaines agitées, au balancement de l’instinct, par un va-et-vient irrésistible. Vaguelette de l’universelle marée, dont le flux et le reflux ont le même rythme inconscient que l’amour.

À cette incessante représentation de l’acte sexuel, auquel le dérèglement des mœurs convie, dans les music-halls, les dancings, les thés, les salons et jusque dans les restaurants, une foule toujours grandis-