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ii

Le jazz-band éployait, sur le dancing en folie, ses rythmes sauvages. Les couples se balançaient dans un éclairage bleu.

Michelle d’Entraygues poussa du coude Hélène Suze, qui, à petites gorgées, dégustait au bout d’une longue paille son ice cream sherry.

— Oh ! regarde !

— Quoi ?

Penchée au bord de la loggia, Michelle désigna :

— Là, à côté du professeur et de la petite anglaise… ces deux femmes… elles passent sous le lustre.

— Sans les cheveux courts, et acajou, on dirait Monique.

— C’est elle ! N’est-ce pas, mon petit Max ?

Le critique, ayant ajusté son monocle, déclara :

— C’est bien elle. Ce que ça la change par exemple, cette coiffure ! Aujourd’hui, pour la femme, c’est le symbole de l’indépendance, sinon de la force. Jadis Dalila émasculait Samson, en lui coupant les cheveux. Aujourd’hui elle croit se viriliser, en raccourcissant les siens !