Page:Victor Devogel - Légendes bruxelloises, 1903.pdf/99

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
86
LÉGENDES BRUXELLOISES

lures et arabesques fines et mirifiques avec des reflets jaunes et blancs, des éclats papalins sous les rais du soleil, tellement merveilleuse, si étonnante de splendeur et de magnificence qu'en la voyant les gens frapperaient les mains l'une contre l'autre, étonnés, et se laisseraient choir sur les dalles en pleurant d'attendrissement.

Et c'est pourquoi on avait mené ladite châsse avec lesdites reliques à Bruxelles, parce que les orfèvres et les joailliers de notre ville étaient hautement et par tous renommés comme faisant les plus belles et les plus délicates choses en manière d'œuvres d'art.

C'était au printemps de l'année. Et du jour où la châsse reposa en l'église de Saint-Nicolas, on vit des choses extraordinaires.

Un aveugle vint un jour s'agenouiller devant elle et fit un Pater, un Ave, puis encore d'autres Pater et d'autres Ave, le tout en priant la bienheureuse Vierge, dont les reliques reposaient en le coffret sacré, de lui rendre la vue. Et soudain, ses yeux s'ouvrirent et la lumière fut pour lui. Et, comme le premier venu, il put s'éblouir à la vue des ornements d'or et d'argent décorant la demeure des restes de Marie.

Un paralytique recouvra le mouvement ; un sourd put entendre, un muet, parler ; un lépreux guérit,