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VROUWKENS AVOND

dangers à courir, les uns avides d'aventures ou de richesses, les autres par imitation ou par crainte des châtiments célestes dont on les menaçaient, d'autres encore par enthousiasme religieux, ils avaient dit : « Dieu le veut ! »

De tous les pays, de toutes les contrées ils étaient venus, s'étonnant de se trouver si étrangers les uns aux autres, par suite de différences de costume, de mœurs, de langage. Et ils s'étaient rués à la conquête des lieux saints, allant combattre chez eux ceux que, quatre siècles et demi auparavant, ils avaient vaincus dans les champs de Poitiers.

Après l'invasion musulmane en Europe, l'invasion chrétienne en Asie, inspirée de la même idée : la religiosité des peuples.

Et ici, à Bruxelles, tandis que les batailles et les maladies décimaient les croisés, leurs mères, leurs femmes, leurs filles les attendaient impatiemment : beaucoup d'entre elles n'espéraient plus les revoir. Quelques-unes les pleuraient déjà, les croyant morts.

Car les années s'écoulaient. Le souvenir des absents s'effaçait peu à peu de la mémoire et les chroniques racontent que certaines dames de notre bonne ville songeaient à se choisir un nouvel époux et les fiancées un nouveau futur mari, se disant