anciens, formant le duché de Lotharingie, transmis aux princes ardennais par l'Empereur, appartenaient alors à Godefroid le Bossu qui fut tué à Utrecht, d'autres disent à Anvers. Je ne le sais pas exactement, car je n'étais pas là quand la chose arriva.
Un jour de Noël, le comte Henri était assis à sa table, en la vaste salle de son palais à Louvain, avec ses chevaliers, ainsi qu'il faisait d'habitude les jours de grande fête. Et à ses côtés se trouvaient messire Robert d'Assche et son fils Henri, écuyer-servant, jeune homme de grande espérance ; le fier seigneur d'Orsmaele et le jeune comte de Grez, Werner ; tous, cordialement traités par le comte de Louvain. Et Werner et Henri l'écuyer étaient à peu près du même âge que Godefroid, car ils avaient treize ans.
Cependant le comte, qui jusque-là avait été d'humeur enjouée, devint tout à coup songuer. Il pensait à son aïeul, le noble seigneur qui fut tué en son palais et ce souvenir le préoccupant, il devint triste.
Son fils Godefroid, le voyant, lui dit :
— Père, pourquoi vous alarmez-vous ? Vous êtes entouré de vos meilleurs amis. Pourquoi leur montrer visage si morose ? Soyez gai.
Le comte réplique :
— Fils, tu dis vrai. Mais quand je songe à ce