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LIVRE I. — CHAPITRE II.

CHAPITRE II.

LES ORIGINES DE L’ANCIEN SCEPTICISME.


De toutes les écoles philosophiques de l’antiquité, l’école pyrrhonienne est certainement celle dont les doctrines nous sont le mieux connues. Plus favorisé que ses rivaux, le stoïcisme et l’épicurisme, c’est par un livre authentique, œuvre d’un de ses principaux représentants, Sextus Empiricus, que le pyrrhonisme est arrivé jusqu’à nous, et ce livre n’est pas un abrégé ou un manuel, comme les κυρίαι δόξαι d’Épicure. Platon lui-même et Aristote n’ont pas eu cette heureuse fortune de laisser après eux un exposé clair, systématique et complet de leur doctrine. Mais, s’il n’y a aucun doute sur ce qu’ont pensé les philosophes qui doutaient de tout, il n’en est pas de même de leurs personnes et de leurs biographies. Ni sur Pyrrhon, ni sur Ænésidème, ni sur Sextus Empiricus, nous n’avons des renseignements suffisants. Tous ces philosophes se sont en quelque sorte effacés derrière leur œuvre : l’oubli profond où ils sont tombés est comme la rançon de la renommée qui s’est attachée à leur doctrine. C’est à peine si la physionomie de l’un d’entre eux, de celui qui a donné son nom à la secte, peut être à peu près retrouvée. Mais les origines, l’histoire intime de sa pensée nous échappent presque entièrement : on ne peut les atteindre que par conjecture. Il faut pourtant essayer, dans la mesure où nous le pouvons, d’indiquer les causes de l’apparition du scepticisme et les liens qui le rattachent aux doctrines antérieures.


I. Parmi les causes qui provoquèrent l’apparition du scepticisme, il faut certainement signaler au premier rang la diversité