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LIVRE IV. — CHAPITRE I.

empirique avait-il reçu les leçons d’un dogmatique ? Peut-être y a-t-il ici une nouvelle confusion de noms. Peut-être aussi Hérodote a-t-il fait accidentellement l’éloge du pneumatisme, comme on verra plus tard que Sextus lui-méme a des sympathies pour la secte des méthodiques.

Tout ce que nous savons de ce philosophe, c’est qu’il avait pris plaisir, suivant le procédé habituel des sceptiques, à montrer des contradictions des sens. Ainsi il soutenait que les substances les plus douces comme les plus amères ont le même pouvoir astringent[1]. Il vécut vraisemblablement vers 150-180 après J.-C.

Nous avons sur son successeur, Sextus Empiricus, ou du moins sur sa doctrine, un peu plus de renseignements. Il faut étudier de près ce personnage, l’un des plus grands noms de l’école sceptique.


II. La biographie de Sextus Empiricus, comme celle d’Ænésidème et d’Agrippa, est fort peu connue. C’est à peine si nous pouvons fixer avec quelque précision la date de sa vie. Il est cité par Diogène[2], mais la date de Diogène est aussi sujette à controverse, et parfois on se sert de cette mention de Sextus pour la déterminer. Pourtant on s’accorde assez généralement à le placer vers le milieu du IIIe siècle après J.-C., et comme Diogène cite, outre Sextus, son successeur Saturninus, il est clair que notre philosophe l’a précédé au moins d’une génération. On pourrait être tenté de croire, avec Brandis[3] que Sextus vivait au commencement du IIIe siècle ; mais il nous dit lui-même que, de son temps, les stoïciens étaient les principaux adversaires des sceptiques[4] ; or, au IIIe siècle, après les Antonins, l’école stoïcienne était en

  1. Gal., De simpl. medic. temp. et fac., I, 34, vol. XI, p. 442, 443.
  2. IX, 87, 116.
  3. Geschichte der Entwickelung der griechischen Philosophie, Bd II, p. 209 (Berlin, Reimer, 1864).
  4. Sext., P., I, 65 : Κατὰ τοὺς μάλιστα ἡμῖν ἀντιδοξοῦντας νῦν δογματικοὺς τοὺς ἀπὸ τῆς Στοᾶς.