Suivant Ritter[1], Saisset[2], et Zeller[3], c’est au commencement de l’ère chrétienne qu’aurait vécu Ænésidème. Pour fixer cette date, ils s’appuient sur le passage où Diogène[4] donne la liste des philosophes sceptiques, depuis Pyrrhon jusqu’à Saturninus. On a vu ci-dessus[5] que, dans cette longue période, nous pouvons fixer deux points de repère : la date de la mort de Pyrrhon (375 av. J.-C.), et celle de la mort de Sextus Empiricus (210 ap. J.-C.). Entre ces deux termes extrêmes il doit y avoir une lacune, et d’après Ménodote, cette lacune doit être placée après Timon. Dès lors, en remontant de Sextus à ses prédécesseurs, et en prenant pour moyenne de renseignement de chacun une durée de vingt-sept ans[6], on calcule qu’Ænésidème a dû vivre au début de l’ère chrétienne.
Il faut convenir que ce mode de détermination manque de précision : et on ne peut s’en contenter que s’il est impossible de trouver mieux. Ne saurait-on fixer la date d’Ænésidème à l’aide d’autres renseignements que le passage si embarrassant de Diogène ? Quelques historiens l’ont pensé.
On a vu plus haut[7] comment Haas a été amené à soutenir qu’il y a une lacune dans la liste des sceptiques après Ænésidème, et non avant lui. Suivant Haas, Ænésidème serait le dernier des anciens sceptiques, et non le premier des nouveaux : il aurait vécu vers 80-60 avant J.-C. Cette opinion, qui était déjà celle de Fabricius[8] et de M. Ravaisson[9], a été admise par Diels[10] et Natorp[11] : elle repose sur deux raisons principales.
- ↑ Histoire de la philosophie ancienne, trad. Tissot, t. IV, p. 223. Ladrange, 1836.
- ↑ Le scepticisme p. 25.
- ↑ Die Philos. der Griechen. Dritter Theil, zweite Abtheil. 3e Aufl. Leipzig, 1881, p. 8.
- ↑ IX, 116.
- ↑ Page 229.
- ↑ C’est le chiffre indiqué par Zeller.
- ↑ Page 230.
- ↑ Ad Sext., P., I, 235.
- ↑ Essai sur la Métaph. d’Arist., t. II, p. 250.
- ↑ Doxographi Græci, p. 211.
- ↑ Op. cit., 30.