CHAPITRE VI.
ANTIOCHUS D’ASCALON.
Nous avons achevé l’histoire de la nouvelle Académie. Antiochus d’Ascalon, qui nous est présenté par les historiens, et se présentait lui-même comme un académicien, ne mérite ce titre que si on l’entend au sens primitif du mot : il appartient peut-être, c’est du moins sa prétention, fort peu justifiée, comme on le verra, à l’ancienne Académie ; il n’appartient pas à la nouvelle : il en est l’ennemi déclaré ; il le dit lui-même dans le Lucullus où visiblement Cicéron reproduit ses propres paroles[1].
Pourtant, l’histoire de la philosophie d’Antiochus est à un double titre l’épilogue nécessaire de l’histoire de la nouvelle Académie. D’abord Antiochus a pendant assez longtemps fait partie de l’école de Philon. Plus tard il s’en sépara, et dirigea contre elle, de nombreuses et graves objections. L’historien a tout à gagner à ne pas substituer son propre jugement à celui d’un contemporain des doctrines qu’il expose : l’œuvre toujours si délicate de la critique lui est épargnée ; du moins il peut devenir critique sans cesser d’être historien. Enfin, on n’aurait d’une doctrine qu’une connaissance incomplète si on ignorait les objections auxquelles elle a donné lieu. Voilà pourquoi nous étudierons aussi la philosophie d’Antiochus, en nous attachant principalement aux points par où elle tient encore à celle de la nouvelle Académie.
I. Antiochus naquit à Ascalon[2] vers[3] 124-127 av. J.-C. Il eut
- ↑ Ac., II, iv, 12 : « …audirem Antiochum contra academicos (disserentem). » Cf. II, vi, 18.
- ↑ Strab., XVI, ii, 29. — Plut., Luc., 42. Cic., 4. Brut., 2. — Élien, V. H., xii, 25. — Stéphane de Byzance, cité par Fabricius, Biblioth. Gr., t. III, p. 537.
- ↑ Nous n’avons pas d’indications précises sur la date de la naissance d’Antio-