INTRODUCTION.
LES ANTÉCÉDENTS DU SCEPTICISME.
CHAPITRE PREMIER.
LA PHILOSOPHIE ANTÉSOCRATIQUE.
S’il fallait en croire certains sceptiques, on ne saurait remonter trop haut pour retrouver les origines du scepticisme ; elles se confondraient avec celles mêmes de la pensée humaine. « Quelques sceptiques, dit Diogène Laërce[1], considèrent Homère comme le précurseur de leur secte, parce que, plus que personne, il exprime sur les mêmes sujets des idées différentes, sans jamais rien définir ni affirmer expressément. » Il suffisait aussi qu’on trouvât chez les sept sages des maximes telles que celles-ci : Rien de trop ; ou Promesse, cause de ruine, pour qu’on les rangeât parmi les ancêtres du scepticisme. Mais il est à peine besoin de remarquer que des telles assertions, inspirés par le désir, si fréquent chez les Grecs, de justifier tout ce qu’on avance par une citation d’Homère, reposent sur une équivoque. La mobilité d’esprit et l’inconsistance des pensées sont autre chose que le doute ; la prudence et la réserve dans les choses d’ordre pratique, la crainte des engagements téméraires, telle que l’expérience de la vie suffit à l’inspirer, ne sont pas encore le doute théorique, tel que la réflexion seule peut le faire naître.
- ↑ IX, 71.