dans un tombeau. Heureusement j’étais venu sans illusion sur ce qui m’attendait dans ces pays lointains. Il fallait cependant, de toute nécessité, me créer une occupation : je me jetai à corps perdu dans l’étude du Nez-Percé ou Noumipou.
D’où vient ce nom de Nez-Percé donné à cette tribu par les trappeurs canadiens ? Il est à croire qu’autrefois ils se perforaient la cloison ou les ailes du nez pour y introduire des ornements. Actuellement il ne reste rien de cet usage, s’il a jamais existé. Les Nez-Percés sont intelligents et braves ; ils l’ont prouvé par leurs exploits sous la conduite de leur célèbre chef Joseph, mort récemment — Leur type se distingue entre tous les types indiens par sa noblesse et son élégance. Leur langue, je l’ai déjà dit, est relativement douce et harmonieuse. Tandis que les Têtes-Plates donnent à Dieu le nom de Grand Esprit (Kolinezouten), les Nez-Percés l’appellent « Celui qui est en haut » (Akame-kinikou). Akame signifie « en haut ». De même ils nomment le démon « Celui qui est en bas » (Enime kinikou). Enime signifie « en bas ».
J’étudiais avec tant d’ardeur, qu’en moins de trois mois je pus prêcher de mémoire un court sermon que j’avais composé moi-même sur Dieu (Akame kinikuki). Ki est le locatif (préposition sur). La division de ce sermon était la suivante :
« Dieu est notre créateur. — Akame kinikou iouèsche nounim Anièouat.
« Dieu est notre maître. — Akame kinikou iouèsche nounim Miogate.
« Dieu est notre Père. Akame kinikou iouèsche nounim Pischte. »
Il est d’usage, lorsqu’un nouveau Père arrive dans une mission, que les Indiens lui donnent en leur langue un