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SIX ANS AUX MONTAGNES ROCHEUSES

soir, à l’occasion de la fête des Sept Douleurs, un chœur d’artistes, hommes et femmes, exécuta à l’église du collège, avec une perfection presque absolue, le «  Stabat  » de Rossini. Le lendemain fut employé à visiter la grande ville  ; je remontai d’abord la 5e Avenue, l’avenue aristocratique par excellence, tâchant de me suggestionner moi-même et d’élever mon enthousiasme à la hauteur des circonstances. Je dois avouer que je ne réussis que modérément  ; la 5e Avenue fut loin de m’éblouir, et à part l’immense hôtel Waldorf-Astoria, et surtout la cathédrale Saint-Patrick, je ne vis aucun monument digne de fixer l’attention.

La cathédrale catholique de Saint-Patrick rappelle l’église votive de Vienne, sans avoir toutefois la même perfection de lignes ni l’admirable adaptation du site. Plus tard, dans la même journée, je pris le tram jusqu’à l’hôtel des Postes et descendis à pied cette partie de Broadway (grand’rue) où se concentrent toutes les banques et les principales maisons de commerce. C’est le quartier des maisons à vingt étages et plus  ; l’animation est extraordinaire, la foule énorme et enfiévrée. Au milieu de ce tumulte, vous rencontrez tout à coup une église et un cimetière, l’église épiscopalienne de la Trinité (Trinity church), la plus ancienne et la plus riche des États-Unis. Le cimetière à côté contraste par son silence et la simplicité de ses croix de bois avec le luxe et le bruit de la rue, dont il n’est séparé que par une grille. Là sont enterrés côte à côte les fondateurs de la cité, ces vieux colons hollandais qui, en souvenir de leur patrie, l’avaient appelée «  Nouvelle-Amsterdam  », et leurs successeurs Anglo-Saxons, qui changèrent ce nom en celui de «  Nouvelle York  » ou «  New-York  ».

J’entrai dans l’église  ; une femme seule était assise sur