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mais je me sentais encore bien fatigué. Après ce modeste repas, on sella les chevaux, rechargea les bagages et nous nous remîmes en chemin. Vers le soir, après une course de 30 milles, nous campions de nouveau à la belle étoile. J’étais honteux de voir qu’avec la meilleure volonté du monde, je ne pouvais jusqu’ici aider en rien mon compagnon ; mais, à partir de ce moment, je pus lui donner un coup de main. Car de jour en jour je m’accoutumais à ce genre de vie et me sentais plus fort ; si bien que huit jours après, à notre arrivée à la Mission, on me surnomma « Yopicut Kuailef », la vigoureuse et forte Robe Noire.

« L’avant-dernier jour de notre voyage, avant midi, nous avions rencontré quelques tentes de sauvages ; nous nous arrêtâmes et tous vinrent à notre rencontre et nous firent le meilleur accueil ; en nous serrant la main, ils nous invitèrent à descendre de cheval pour entrer dans leur tente.

» Mon compagnon me dit : « Ce sont des Cœurs d’Alène ; ils ont un enfant à baptiser, ils veulent voir la nouvelle Robe Noire et sans doute la baptiser elle aussi d’un beau nom sauvage.

» — Et comment m’appelleront-ils ? demandai-je.

» — Je ne sais pas, peut-être Ours Noir, ou Loup Féroce, ou encore Grand Mangeur.

» — Eh ! quels beaux noms !

» — Ce sont de très beaux noms dans ce pays-ci ; entrons.

» — Mais où est la porte ?

» — Comment ? après avoir tant étudié, vous n’êtes pas encore capable de trouver la porte d’une tente de sauvage ? La voici. » Et soulevant une peau, il découvrit une ouverture d’environ 30 cm. de diamètre.

» — Et comment entre-t-on ?