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sculpture, dessin ; et quant à la calligraphie, ils laissent loin derrière eux les enfants des Blancs. Leur langue, si barbare qu’elle paraisse, si âpre et si dure qu’en soit la prononciation à cause de ses consonnes doubles et de ses nombreuses gutturales, ne manque pas cependant d’une certaine beauté, grâce à la richesse de son vocabulaire et à la régularité de ses formes grammaticales. Par exemple, le verbe actif a non seulement des terminaisons différentes pour les première, seconde et troisième personnes, mais aussi pour exprimer les différents régimes : ainsi dans les expressions latines (1) feci te, je t’ai fait, (2) feci illum, je l’ai fait, (3) feci vos, je vous ai faits, (4) feci illos, je les ai faits, le mot feci a les quatre inflexions différentes : (1) Kolinzin, (2) Kolin, (3) Kolitlemen, (4) Koolin. Il en est de même pour les temps du présent et du futur.

Si, à ces terminaisons déjà nombreuses, on ajoute les composés, les dérivés, tous les adverbes, affixes, suffixes qui modifient le verbe et changent les flexions de personnes, de nombre, de temps et de modes, le verbe Kolin (faire) compte plus de mille désinences différentes ; et il en est de même pour les autres verbes actifs.

Il est difficile d’expliquer comment une nation sauvage, sans aucune connaissance de l’écriture, a pu conserver une langue aussi riche et de formes aussi variées. Nous laissons aux linguistes le soin de déterminer l’origine et la famille de cette langue.

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VII.

écrit en chiffres romains" style="text-transform:uppercase;">

VII.

Arrivée d’un missionnaire chez les Cœurs d’Alêne.


Les nouveaux chrétiens voient en tout missionnaire un messager du ciel, et l’on ne saurait dire la joie que leur