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Matin invita son compagnon à le suivre jusqu’à sa tente, ils arrivèrent à une grande loge et y entrèrent. La mère de l’enfant, la Lune, reprocha à son fils d’avoir amené cet étranger disant qu’à son retour son père le gronderait : elle lui ordonna de chasser le jeune homme. L’Étoile-du-Matin se mit à pleurer et la Lune eut pitié de lui et n’insista pas.

Le soir, le Soleil revenant à la maison s’arrêta à quelque distance et cria : « Il y a un étranger dans la tente ; chassez-le. » La Lune répondit : « Venez, il n’y a point d’étranger ici. » Et le Soleil : « Si, il y en a un, je le reconnais à son odeur : fais de la fumée. » La Lune prit quelques charbons ardents, les déposa par terre près du foyer et plaça dessus de l’herbe sèche ; une fumée odoriférante remplit la loge et le Soleil entra. Ayant aperçu l’étranger, il ordonna à l’Étoile-du-Matin de le faire partir. L’enfant se mit à pleurer, et le Soleil ayant pitié de son fils ne le molesta plus. Il se tourna alors vers le jeune Pied-Noir, lui demanda qui il était et d’où il venait. Celui-ci, tout en larmes, lui conta son aventure et ajouta qu’averti en songe, il était venu le trouver comme l’unique médecin capable de faire disparaître la difformité de son visage.

Le Soleil ordonna à la Lune de faire préparer la cabine de sueur, et quand elle fut prête, le Soleil y entra avec les deux jeunes gens. La Lune resta dehors et ferma soigneusement la porte pour empêcher la vapeur de s’échapper.

Le Soleil prit place au milieu de la tente, son fils au fond du côté du Nord et le Pied-Noir près de la porte du Sud. Et il se mit à verser de l’eau sur les pierres brûlantes, à chanter et à faire toutes les cérémonies de la médecine. Tous les trois furent bientôt ruisselants de