ensemble. C’est là le double effet que depuis n’ont jamais manqué de produire sur moi les Français, et toutes leurs affaires, qui ne sont, à vrai dire, qu’un menuet perpétuel et souvent mal dansé. J’attribue en grande partie à mon maître de danse la prévention défavorable et un peu exagérée peut-être qui m’est restée au fond du cœur contre la nation française, qui a bien aussi sans doute d’aimables et précieuses qualités. Mais les premières impressions qui prennent racine dans cet âge encore tendre ne s’effacent plus, et difficilement elles s’affaiblissent avec les années. La raison, plus tard, les combat ; mais c’est un combat qu’il faut recommencer chaque jour, pour juger sans passion, et encore il est rare que l’on y arrive.
Lorsque je recherche ainsi la trace de mes premières idées, j’y trouve encore deux causes qui, depuis l’enfance, m’ont rendu antifrançais : l’une, c’est qu’à l’époque où j’étais encore à Asti, dans la maison paternelle, et avant que ma mère ne se mariat en troisièmes noces, vint à passer dans cette ville la duchesse de Parme, Française de naissance, qui allait à Paris, ou qui en revenait. Cette voiture qu’elle occupait avec ses dames et avec ses femmes, tout empâtées de ce rouge, dont les Françaises étaient alors les seules à se servir, chose qui m’était toute nouvelle, frappa singulièrement mon imagination, et j’en parlai encore des années, me perdant à chercher quelle pouvait être l’intention ou l’effet d’une parure si bizarre, si ridicule, si ennemie de la nature. Car, enfin, lorsqu’une mala-