neveu, le fils de ma sœur, le comte de Cumiana, à peine âgé de trente ans. Une maladie l’emporta au bout de trois jours. Il n’avait pas été marié, et ne laissait point d’enfans. Ce malheur m’affligea beaucoup, quoique je l’eusse à peine vu dans son adolescence ; mais je partageai la douleur de sa mère, (son père était mort deux ans auparavant). Je dois confesser aussi qu’il m’en coûtait de voir toute ma fortune passer en des mains étrangères. Ma sœur n’a plus pour héritier d’elle et de son mari que les trois filles qui lui restent, toutes trois mariées, l’une, comme je l’ai dit, avec Colli, d’Alexandrie, l’autre avec un Ferrari, de Gênes, la troisième avec le comte de Callano, d’Aoste. Cette petite vanité à laquelle on peut imposer silence, mais qu’on ne déracine jamais du cœur d’un homme bien né, et qui lui fait désirer la perpétuité de son nom, ou du moins celle de sa famille, n’avait jamais pu sortir de chez moi, et je m’en affligeai plus que je ne l’aurais cru ; tant il est vrai, que pour se bien connaître soi-même, il faut l’expérience de la vie ; il faut s’être trouvé dans ces tristes situations, pour pouvoir dire ce que l’on est. Cette mort de mon neveu, qui me laissait sans héritier mâle, me fit prendre plus tard, à l’amiable, de nouveaux arrangemens avec ma sœur pour assurer le paiement de ma pension en Piémont. Je ne veux point, si je dois mourir le dernier, ce que je ne crois guère, me voir à la merci de mes nièces ou de leurs maris, que je ne connais pas.
En attendant, cette paix exécrable n’avait pas