paix (quelle paix !), qui dure encore, et qui tient toute l’Europe sous les armes, dans la crainte de la servitude.
Mais désormais devenu presque insensible pour avoir trop vivement senti les calamités publiques de l’Italie, je n’avais plus un autre désir que de mettre fin à ma carrière littéraire, déjà trop longue et stérilement féconde. C’est pourquoi, au mois de juillet de cette année, j’essayai avec ardeur mes dernières forces, en développant mes six comédies. Je les avais créées d’un même souffle, je voulus les développer ensemble et sans relâche. Chacune ne me prit tout au plus que six jours ; mais mon imagination s’échauffa si bien, et elle communiqua aux fibres de mon cerveau une tension si forte, qu’il me fut impossible d’achever la cinquième pièce. Je tombai gravement malade d’une inflammation à la tête, sans compter la goutte, qui se fixa dans la poitrine et finit par me faire cracher le sang. Il fallut donc quitter ce cher travail et songer à me guérir. Le mal fut violent, mais il dura peu ; ce qui dura, ce fut ma convalescence, la maladie m’ayant laissé très-faible. Pour me remettre à ma cinquième comédie et écrire toute la sixième, je me vis forcé d’attendre jusqu’à la fin de septembre ; mais, dans les premiers jours d’octobre, toutes étaient développées, et je me sentis soulagé du poids énorme qu’elles faisaient peser sur ma tête depuis des années.
À la fin de cette année, je reçus de Turin une triste nouvelle, celle de la mort de mon unique