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rendre pour la fête de l’Illumination, j’eus la petite vanité d’y aller et d’y jouer une seule fois, qui fut la dernière, ce cher rôle de Saül, et j’en restai là de ma vie de théâtre, où je mourus en roi.

Depuis deux années que j’étais en Toscane, j’avais recommencé peu à peu à racheter des livres. Je me procurai de nouveau presque tous les chefs-d’œuvre de la langue toscane que j’avais déjà possédés, et j’augmentai encore beaucoup ma collection de classiques latins ; j’y joignis même, je ne sais plus pourquoi, tous les classiques grecs des meilleures éditions gréco-latines, tant pour les avoir que pour en connaître au moins les noms, si je n’allais plus avant.





CHAPITRE XXIV.

La curiosité et la honte me poussent à lire Homère et les tragiques grecs dans des traductions littérales. — Je continue avec tiédeur les satires et autres bagatelles.


Mieux vaut tard que jamais. À l’âge de quarante-six ans bien sonnés, quand il y en avait déjà vingt que je faisais, tant bien que mal, métier de poète lyrique et tragique, sans avoir cependant lu ni Homère ni les tragiques, ni Pindare, ni aucun autre des Grecs, la honte me prit, et en même temps une louable curiosité de voir un peu ce qu’avaient pu dire ces pères de l’art. Je cédai d’autant plus volontiers à cette curiosité et à cette honte, que