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ses sœurs. Enfin, dans le courant d’octobre et vers la fin, nous rentrâmes dans l’immense cloaque au sein duquel la déplorable situation de nos affaires nous rentraînait malgré nous ; il fallut même songer sérieusement à y fixer notre demeure.


    C’est pour me conformer à votre volonté que je vous ai fait un détail aussi long de ma situation, et permettez-moi, à mon tour, de vous assurer du plaisir sensible que me cause la connaissance du bonheur dont vous jouissez, et que je suis persuadée que vous avez toujours mérité. J’ai souvent, depuis deux ans, entendu parler de vous avec plaisir, à Paris, comme à Londres, où l’on admire et estime vos écrits, que je n’ai point pu parvenir à voir. On dit que vous êtes attaché à la princesse avec laquelle vous voyagez, qui par sa physionomie ingénue et sensée, paraît bien faite pour faire le bonheur d’une âme aussi sensible et délicate que la vôtre. On dit aussi qu’elle vous craint (je vous reconnais bien là). Sans le désirer, ou peut-être sans vous en apercevoir, vous avez irrésistiblement cet ascendant sur tous ceux qui vous aiment.

    Je vous désire, du fond de mon cœur, la continuation des biens et des plaisirs réels de ce monde, et si le hasard fait que nous nous rencontrions encore, j’aurai toujours la plus grande satisfaction à l’apprendre de votre main. Adieu.

    Douvres, le 26 avril.
    Pénélope.