nouveau, et si loin l’un de l’autre, me donnait en même temps une émotion de douleur et de plaisir. J’aurais bien pu envoyer directement en Toscane ma voiture et mes gens, et m’en allant seul à franc étrier par la traverse, j’avais chance de la rejoindre bientôt, et du moins je l’aurais vue. Je désirais, je craignais, j’espérais, je voulais, je ne voulais plus ; anxiété que seuls connaissent ceux qui vraiment ont aimé ! Et il en est peu. Le devoir finit par l’emporter, le devoir et l’amour, non de moi, mais celui que j’avais pour elle et pour son honneur ; je continuai donc ma route en pleurant et en blasphémant, et toujours accablé sous le poids de ma douloureuse victoire, j’arrivai à Sienne, après un voyage d’environ dix mois. Je retrouvai dans Gori un consolateur qui jamais ne m’avait été plus nécessaire pour m’apprendre à traîner encore ma misérable vie et à fatiguer l’espérance.
CHAPITRE XIV.
Voyage en Alsace. — Je revois mon amie. — Je fais le plan de trois nouvelles tragédies. — Mort inattendue de mon cher Gori à Sienne.
Peu de jours après moi, arrivèrent à Sienne mes quatorze chevaux ; j’y avais laissé le quinzième sous la garde de mon ami : c’était mon beau fauve, mon