aucun théâtre d’Italie ni louange ni blâme. La Virginie obtint précisément la même attention et le même succès qu’avait obtenus dans son temps la Cléopâtre. Comme Cléopâtre encore, elle fut redemandée pour le lendemain. Mais pour mon compte, on peut bien le croire, je n’y retournai pas. C’est à dater de ce jour que commença mon désenchantement de la gloire, qui depuis a toujours été en augmentant. Toutefois je persisterai dans la résolution que j’ai prise d’essayer encore pendant dix ou quinze ans, jusqu’à l’approche de ma soixantaine, d’écrire dans deux ou trois genres de nouvelles compositions. Je le ferai de mon mieux et avec tout le soin dont je suis capable. Je veux avoir, en mourant ou en vieillissant, l’intime consolation de me dire qu’autant qu’il a été en moi, j’ai satisfait à l’art et à moi-même. Quant aux jugemens des hommes d’aujourd’hui, je le répète en pleurant, mais tel est encore en Italie l’état de la critique, qu’il ne faut en attendre ou lui demander ni la louange ni le blâme. Je n’appelle pas louange, celle qui ne distingue point, et ne sait pas, en donnant raison d’elle-même , encourager l’auteur, comme aussi je n’appelle point blâme celui qui n’enseigne pas à mieux faire.
Je souffris mal de mort à cette représentation de ma Virginie, plus encore qu’à celle de la Cléopâtre, mais pour des motifs tout différens ; je ne veux pas m’y appesantir davantage. Celui qui a le goût et l’orgueil de l’art saura les deviner assez ; tout autre les trouverait inutiles et ne les comprendrait pas.