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tènsiles, grades et fonctions de cette société grotesque. Bien que dans mon premier sonnet, celui que j’ai cité plus haut, j’eusse dérobé un vers à Pétrarque, telle était encore cependant mon insouciance et mon ignorance, que je commençai alors mon travail sans me souvenir, ou peut-être même, n’ayant jamais bien su la règle des tercets ; et j’allai ainsi, de sottise en sottise, jusqu’au douzième. Un doute alors m’étant venu, j’ouvris Dante, et voyant ma faute, je pris garde de ne plus y retomber, mais je laissai les douze tercets tels qu’ils étaient. Je les chantai ainsi au banquet ; mais ces honnêtes francs-maçons s’entendaient à la poésie presque autant qu’à la maçonnerie, et le morceau fit son effet. Je veux encore le donner ici, tout entier ou en grande partie, comme un dernier échantillon, comme un dernier essai de mes efforts infructueux, si toutefois le papier ne me manque pas, ou la patience[1].

  1. Le traducteur a dû se borner à rendre fidèlement ces vers, sans se mettre en peine de concilier entre elles des métaphores dont Alfieri est le premier à se moquer. (N. du T.)

    Lyre qui jusqu’à ce jour uniquement accoutumée à médire, as sans pitié porté la lumière au sein des vices, pour en montrer la laideur ;

    Toi qui dans la main d’un poète impertinent, insensible aux risées de la foule, as pu te croire sage, quand tu n’étais que sotte ;