Page:Victor Alfieri, Mémoires, 1840.djvu/257

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.






ÉPOQUE QUATRIÈME.



VIRILITÉ.


Elle embrasse plus de trente années, pendant lesquelles je compose, je traduis et me livre à diverses études.





CHAPITRE PREMIER.

Mes deux premières tragédies, Philippe II et Polynice, conçues et écrites en prose française. — Chemin faisant, un déluge de mauvaises rimes.


Me voilà donc, à l’âge de vingt-sept ans, ou à peu près, prenant avec le public et avec moi-même le rude engagement de me faire poète tragique ; pour soutenir une entreprise si téméraire, voici quels étaient alors mes capitaux.

Un esprit résolu, indomptable, très-opiniàtre ; un cœur rempli, débordant de passions de tout genre ; deux entre autres dominaient toutes les autres, et se mêlaient étrangement, l’amour avec toutes ses fureurs, et une haine profonde, une horreur invincible pour toute espèce de tyrannie. Venait se joindre à cet instinct confus de ma nature une vague et lointaine réminiscence des différentes tragédies françaises que j’avais vues au théâtre, plusieurs années auparavant : et s’il faut dire toute la vérité, jusque alors je n’en avais jamais lu