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tragédie, avec la réponse de Paciaudi(c). Parmi les notes qu’il écrivit à côté de mes vers, il y en


(c). SECONDE CLÉOPÂTRE.

ACTE PREMIER.

SCÈNE PREMIÈRE.
DIOMÈDE, LAMIA.
DIOMÈDE.

Il est donc vrai ? les Égyptiens indolens et vils traînent leurs jours dans un lâche repos, quand la honte, quand des affronts sans cesse renouvelés devraient exciter leurs âmes à la vengeance et à la colère ? Cléopâtre, ivre d’amour et d’orgueil, oublie, dans son aveuglement, l’honneur de son royaume, et si elle y attache encore quelque prix, l’imprudente s’endort au sein d’une confiance fatale, et ignore peut-être que son sort ne tient plus qu’à un léger fil. Ce spectacle funeste m’accable, et bien qu’accoutumé à l’iniquité d’une cour impie, moins esclave que citoyen, je déplore aujourd’hui l’infortune publique. Ce n’est point un vain nom que ce nom de patrie qui, dans un cœur bien né, brille et brûle comme un feu divin. En vain les tyrans déshonorent du nom de crime ce noble amour. La nature triomphe d’un vain renom, et dit que c’est une vertu.

LAMIA.

Je reconnais le grand cœur de Diomède. Le ciel t’a dé-