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PREMIÈRE ÉPOQUE



ENFANCE.
Elle embrasse neuf années de végétation.





CHAPITRE PREMIER.

Naissance et parens.


1749. Dans la ville d’Asti en Piémont, le 17 janvier de l’an 1749, je naquis de parens nobles, aisés et honnêtes ; trois choses que je note expressément, et que je mets au nombre des plus heureuses pour les raisons qui suivent. Né dans la caste des nobles, j’ai pu tout à mon aise, sans passer pour bas et envieux, mépriser la noblesse pour elle-même, en dévoiler les ridicules, les abus et les vices. Mais, en même temps, j’ai dû à l’utile et salutaire influence de ce hasard de mon origine de ne jamais souiller en rien la noblesse de l’art que je professais. L’aisance de ma famille m’a fait libre et pur, esclave seulement de la vérité. Grâce enfin à l’honnêteté de mes parens, je n’ai jamais eu à rougir d’être noble. Que l’une de ces trois choses eût manqué à ma naissance, mes œuvres s’en trouvaient infailliblement amoindries, et aujourd’hui, sans doute, je vaudrais moins