milles du pays, avec qui j’avais été à l’Académie de Turin ; je ne voulus pas seulement être présenté à cette fameuse impératrice, Catherine II ; enfin, je ne vis pas, même matériellement, le visage de cette souveraine qui, de nos jours, a tant lassé la renommée. Lorsque ensuite je me suis interrogé pour trouver la vraie cause d’une conduite si ridiculement sauvage, je me suis bien convaincu intérieurement que ce fut pure intolérance de mon caractère inflexible, et simplement horreur pour la tyrannie en elle-même, personnifiée dans une femme justement accusée de s’être souillée du plus affreux des crimes, la trahison et l’assassinat commandé d’un époux désarmé. Je me souvenais parfaitement d’avoir entendu raconter que parmi les raisons qu’avançaient les apologistes de ce crime, ils allaient jusqu’à dire que Catherine II, en prenant possession de l’empire, voulait, indépendamment de tout le mal que son mari avait fait à l’état, rétablir en partie, par l’octroi d’une constitution libérale, les droits de l’humanité si cruellement lésée par la servitude universelle et absolue qui pèse en Russie sur le peuple. Et cependant je trouvais ce peuple tout aussi esclave après cinq ou six ans du règne de cette Clytemnestre philosophe ; je voyais en outre cette maudite engeance militaire assise sur le trône de Pétersbourg, plus encore, peut-être, que sur celui de Berlin. Ce fut là, sans aucun doute, la raison qui me fit prendre ces peuples en mépris, et qui m’inspira une haine si furieuse contre leurs misérables souverains. Las donc et dégoûté de toute
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