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VIE DE VICTOR ALFIERI.




INTRODUCTION.


Plerique suam vitam narrare, fiduciam potiùs morum, quàm arrogantiam arbitrati sunt.
Tacitus, Vita Agricolæ.


Parler de soi, et plus encore écrire de soi, naît, sans aucun doute, d’un excès d’amour-propre. Je ne veux donc faire précéder cette histoire de ma vie ni de faibles excuses, ni de raisons fausses et illusoires, qui, d’ailleurs, ne trouveraient nul crédit chez les autres, et commenceraient par donner une médiocre opinion de ma véracité future dans cet écrit. Je le confesse donc ingénument, ce qui me porte à raconter ma vie tout au long, c’est, parmi d’autres sentimens, mais plus impérieux que tout autre, l’amour de moi-même ; ce don qu’avec plus ou moins de libéralité la nature a départi à tous les hommes, mais dont elle a réservé la meilleure dose aux écrivains, principalement aux poètes ou