mière impression de Paris s’est si profondément gravée dans ma tête, que maintenant encore (c’est-à-dire au bout de vingt-trois ans), elle est encore dans mes idées et dans mon imagination, bien que sur beaucoup de points ma raison la combatte et la condamne.
La cour était à Compiègne, où elle devait rester tout le mois de septembre, et l’ambassadeur de Sardaigne pour qui j’avais des lettres n’étant point alors à Paris, je n’y connaissais ame qui vive, si ce n’est quelques étrangers que j’avais déjà rencontrés et pratiqués dans différentes villes de l’Italie. Eux-mêmes ne connaissaient personne à Paris. Je partageais donc mon temps entre les promenades, les théâtres, les filles et ma mélancolie habituelle. J’attrapai ainsi la fin de novembre, époque à laquelle l’ambassadeur quitta Fontainebleau et revint habiter Paris. Il me présenta dans différentes maisons, particulièrement chez les ministres des autres puissances. Il y avait un petit Pharaon chez l’ambassadeur d’Espagne, et je jouai pour la première fois. Je ne gagnai ni ne perdis beaucoup ; mais le jeu aussi m’ennuya vite, comme tous mes passe-temps de Paris ; ce qui me détermina à partir pour Londres au mois de janvier. Las de Paris, dont je ne connaissais guère que les rues, et déjà, en somme, passablement refroidi dans ma passion pour les choses nouvelles, je finissais toujours par les trouver de beaucoup au-dessous non seulement de l’idée que je m’en étais faite dans mon imagination, mais des simples réalités que j’avais pu voir en