Page:Victor Alfieri, Mémoires, 1840.djvu/127

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un fugitif plutôt qu’à un voyageur, j’allai nuit et jour sans m’arrêter jusqu’à Lyon. Ni Aix, avec sa magnifique et riante promenade, ni Avignon, autrefois le séjour des papes et le tombeau de la célèbre Laure, ni Vaucluse, qu’habita si long-temps notre divin Pétrarque, rien ne put m’empêcher d’aller droit à Paris comme une flèche. À Lyon, la fatigue me retint pourtant deux nuits et un jour ; mais je me remis en route avec la même fureur, et en moins de trois jours la route de Bourgogne me déposa aux portes de Paris.






CHAPITRE V.

Premier séjour à Paris.


C’était je ne me rappelle pas bien quel jour du mois d’août, mais entre le 15 et le 20, par une matinée couverte, froide et pluvieuse ; je quittais cet admirable ciel de Provence et d’Italie, et jamais je n’avais vu de tels brouillards sur ma tête, surtout au mois d’août. Aussi lorsque j’entrai à Paris par ce misérable faubourg Saint-Marceau, et qu’il me fallut ensuite avancer comme à travers un sépulcre fétide et fangeux vers le faubourg Saint-Germain, où j’allais loger, mon cœur se serra fortement, et je n’ai pas souvenance d’avoir éprouvé, dans ma vie, pour cause si petite, une plus douloureuse impres-