nemens qui n’en tiennent compte, ou qui les craignent et les étouffent.
Nous arrivâmes à Naples le second jour des fêtes de Noël : on pouvait se croire au printemps. L’entrée de Capo di China, par les Études et la rue de Tolède, me présenta cette ville comme la plus riante et la plus peuplée que j’eusse encore vue jusque là, et demeurera toujours présente à ma mémoire. Plus tard, ce fut autre chose, lorsqu’il fallut aller nous loger à une espèce de cabaret, dans le plus obscur et le plus sale cul-de-sac de la ville. Et il le fallait bien, toutes les hôtelleries un peu propres étaient remplies d’étrangers. Cette contrariété répandit de la tristesse sur mon séjour à Naples, car le lieu que j’habite, joyeux ou non, a toujours eu sur mon faible cerveau une irrésistible influence jusque dans l’âge le plus avancé.
Dès les premiers jours, notre ministre me présenta dans plusieurs maisons ; et soit à cause des spectacles publics, soit pour le nombre des fêtes particulières et la variété des amusemens, le carnaval me parut plus brillant et plus agréable qu’aucun de ceux que j’eusse encore vus à Turin. Et cependant, au milieu de ce tourbillon nouveau et continuel, entièrement libre de ma personne, avec ma fortune, mes dix-huit ans et une figure avenante, je trouvais au fond de toutes ces choses la satiété, l’ennui, la douleur. Mon plaisir le plus vif, c’était la musique des bouffes au théâtre nouveau ; mais toujours cette mélodie, si délicate qu’elle fût, me laissait dans l’ame un long et triste mur-