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CHAPITRE VII

DEPUIS LE 9 AVRIL 1793, JOUR DE MON ARRESTATION
JUSQU’AU 2 MAI 1793
JOUR DE LA PRISE DE BRESSUIRE





Nous étions établis chez Allain, tous les cinq, dans deux petites chambres hautes, avec une femme de chambre et un domestique. Il nous recommanda surtout de ne pas nous mettre à la fenêtre et de ne pas descendre, afin qu’on nous oubliât le plus possible ; cette précaution nous sauva la vie. Nous apprîmes que M. Thomassin était en état d’arrestation depuis dix jours ; Il avait été conduit au château de la Forêt et n’avait pu nous le faire dire.

Deux jours après notre internement, les Bleus partirent pour aller se battre et attaquer les Aubiers, entre Châtillon et Bressuire ; je n’ai rien entendu de plus effrayant et de plus majestueux que la Marseillaise, chantée en chœur par deux mille cinq cents hommes qui défilèrent sous nos fenêtres, accompagnés par tous les tambours ; ils avaient un air fier et martial ; ils semblaient autant de héros. Le lendemain le bruit courut dans la ville qu’ils avaient battu les Brigands, et qu’ils assiégeaient M. de la Rochejaquelein dans son château. Nous passâmes la plus cruelle