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Isoline s’étonne et, tout à coup, voici
Qu’un jeune homme divin s’est dressé devant elle.
Il baise éperdument sa robe de dentelle.
— « Ô ma reine, ô ma vie, ô mon trésor, merci !

« Merci de ta beauté, merci d’être venue.
Du jour où j’ai vécu, je t’ai donné ma foi.
Je t’attendais. Mon âme errait autour de toi.
Tu n’as fait qu’apparaître, et je t’ai reconnue. »

— « Le baron, mon époux… » — « Ton époux, le voilà.
C’est toi, vois-tu, c’est toi qui m’étais destinée.
Au livre de l’amour j’ai lu notre hyménée.
Si je n’ai pas ton cœur, c’est qu’on me le vola.

« Viens ; je t’emporterai dans un pan de ma mante,
Sous la lune de mai, comme un enfant qui dort.
Viens ; nous chevaucherons la cavale aux crins d’or.
La nuit sera splendide et tu seras aimante.

« Au pays du soleil, sous le ciel embrasé,
Il est un paradis radieux qu’on ignore,
Où ne frémit au vent de l’immortelle aurore
Que l’aile délicate et folle du baiser.

« Dès que l’aube a posé son pied sur les collines,
Mille roses de mai tombent de son manteau.
Mes pages vont t’ouvrir les portes du château ;
Viens, partons pour le rêve, au son des mandolines. »