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« Si vous n’étiez qu’un page, un marjolet qui danse,
Auriez-vous en mon cœur allumé si grand feu !
Un beau merci pourtant pour votre confidence. » —


VI


C’est l’heure du silence et l’heure de l’adieu.
Sur le jardin qu’endort une béatitude
La nuit délicieuse étend son manteau bleu.

Grand Dieu, qu’a Viviane et quelle inquiétude !
Dans les bras de Merlin elle parle en rêvant :
— « Mon âme pour aimer n’a pas besoin d’étude ;

« Mais vous, mon roi, mais vous, le mage et le savant,
Ne rougirez-vous pas d’une si pauvre amante,
Vous qui faites pâlir jusqu’au soleil levant ? »

Et Merlin, attentif à ce qui la tourmente,
La berce en chantonnant, comme un enfant mutin,
Et baise mille fois sa figure charmante.

Pour vaincre sa tristesse il évoque un lutin
Qui sur un cheveu blond de la lune gambade,
Éveillant jusqu’aux fleurs, de son rire argentin.