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LA VAGUE

Est-ce la nuit ? Non, c’est le jour, un jour livide,
Un jour qui désespère, empli d’un morne effroi.
Tout est noir. Au lointain s’enfle la mer avide,
Et comme un mur d’horreur, apparu dans le vide,
La vague gigantesque a surgi devant moi.

Elle agite, en hurlant, ses longs cheveux d’écume,
Indomptable cavale au poil toujours fumant ;
Au-dessus de l’eau noire elle oscille un moment ;
Puis, dans le vent terrible et la pluie et la brume,
Sur les sombres récifs s’écrase lourdement.

Une autre la remplace, elle crie, elle approche ;
Fille du même père, elle aura même sort.