Page:Vicaire - À la bonne franquette, 1892.djvu/155

Cette page a été validée par deux contributeurs.

C’est bien tout ce qu’il te faut,
Et ton cœur est sans défaut.
Ton cœur ! Sais-tu s’il existe.
Il n’a jamais été triste.
C’est un joli cœur naissant
Qu’on endort en le berçant
Avec un chant de nourrice.
Il n’a pas de cicatrice.
C’est une flûte en roseau,
C’est une plume d’oiseau.
Ta vie est toujours en fête ;
Tu n’as pas idée en tête
Qui se tienne un peu debout.
Tu souris et puis c’est tout.
Pourquoi pas ? Vive la rose !
Faut-il qu’un pédant morose
Se mêle d’effaroucher
La tendre fleur du pêcher ?
Lorsque tout se renouvelle
Et qu’on a dans la cervelle
Le soleil de la saison,
Que sert de parler raison
Aux folâtres églantines ?
Garde tes façons mutines,
Ton sourire ensorceleur,
Tes yeux doux, ta bouche en fleur.