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— C’est épatant.

En hébreu aquatique bien entendu. Aussi la réponse ne se fit pas longtemps attendre :

— Pas si épatant que cela, car d’après ce que nous avons vu dans vos livres, recueillis dans les naufrages qui viennent jusqu’à nous, nous avons cru voir que vos premiers historiens, comme Sanchoniathon, il me semble, déclaraient que les premiers hommes et les Égyptiens eux-mêmes, descendaient des poissons.

— C’est vrai ! Mais pourquoi ne venez-vous pas nous voir à la surface de la terre ?-

— Mais simplement parce que la chose nous est impossible ; d’abord nous n’avons aucun moyen de remonter à la surface des eaux et si bien même l’un d’entre nous voulait se faire hisser par votre sonde — la première que nous voyons au fond de notre vallée marine de 9 424 mètres 11 centimètres de profondeur — il ne tarderait pas, non seulement à périr, mais à sauter comme un lapin, comme vous dites dans vos romans.

Depuis 4900 ans environs que notre race — archiblanche celle-là — vit au fond des Océans, elle s’est peu à peu modifiée, suivant la grande loi universelle des adaptations et, sans être bossus, croyez le bien, nous avons tous sur le dos, une petite poche d’air, pour vivre et respirer, comprimé à trois ou quatre cents atmosphères, suivant les profondeurs.

Nous ne serions pas plutôt en l’air, au-dessus de l’eau, et même avant, que notre poche crêverait avec un bruit de tonnerre et nous écrabouillerait en morceaux.