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nes ou des boutures — c’est encore à voir — au fond de la Manche, de Victoria Regia, de manière à avoir une belle double rangée de feuilles parallèles, deux pour les piétons qui passent en Angleterre, deux pour les piétons qui rentrent en France. Pour que la plante vive à sa température normale, je chauffe l’eau de la mer, de distance en distance, par de puissants calorifères électriques ; c’est simple comme tout.

Et pour ne pas porter ombrage à l’Angleterre, j’établis un système qui pourrait faucher toutes mes feuilles d’un seul coup et dont le bouton électrique serait toujours dans la main de sa très gracieuse Majesté. De plus, elle est décidée, paraît-il, à créer encore, par dessus le marché, un corps spécial de faucheurs, en cas de difficultés diplomatiques. De la sorte rien à craindre pour la pudique Albion !

Voici mon projet, je le crois simplement génial. On a vu comment ces feuilles immenses, de plusieurs mètres de diamètre, sont à bords relevés. On aura donc la certitude de n’avoir jamais les pieds mouillés, ce qui permettra au prince de Galles de venir voisiner souvent chez nous, en pantoufles[1].

Je ne sais si je m’abuse, mais il me semble que j’aurai de la sorte, travaillé pour la paix universelle beaucoup plus utilement que le Congrès de La Haye.

Enfin aussitôt ce premier essai sur pieds et bien réussi — ce qui n’est point douteux — je compte monter une société au capital de 1 500 millions,

  1. Depuis, hélas, je ne connais pas les dispositions d’Édouard à l’encontre de mon projet !