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— Noble ambition !

— N’est-ce pas, Monsieur ? Je suis riche, j’ai gagné quelques millions grâce à mes inventions antérieures, je compte en trouver facilement une dizaine parmi mes amis et même parmi les spéculateurs alléchés par mon idée, par sa hardiesse et sa nouveauté ; en un mot, je veux percer un puits artésien, mais sérieux, profond, qui traverse la terre de part en part et ait son point terminus — et frappant fortement du pied mon parquet — là-bas, à l’Île Antipode !…

On a beau vieillir et être habitué à en voir et entendre de toutes les couleurs, je ne pus m’empêcher de faire un haut-le corps.

— Je vois bien que vous me prenez pour un fou ; je m’y attendais.

— Pas le moins du monde, mais j’avoue que l’étonnement…

— Laissez-moi continuer. J’ai dressé tous mes plans et tous mes devis ; du moment que vous me garantissez qu’il n’y a pas de feu central, je suis sûr de mon affaire. Le puits sera vaste et large, avec palier et vaste salle tous les six cents mètres, il y aura installé dans chacune de ces salles un appareil hydraulique pour faire descendre 600 mètres plus bas un ascenseur et ainsi de suite. C’est simple comme le jour. Là le trou est circulaire, vaste, plus de vrilles brisées comme dans le forage des puits artésiens. J’ai pris toutes mes mesures, j’ai fait tous mes calculs, nous tomberons très exactement à l’Île Antipode, au sud-est de la Nouvelle-Zélande. Ce n’est qu’une question de temps et d’argent et je vous jure que je serai prêt pour 1900.